Savez-vous ce qui sort de vos lois protectionnistes, de vos douanes qui appauvrissent tout le monde pour enrichir quelques uns, savez-vous ce qui sort de vos institutions de banque qui ne sont pas de réelles institutions de crédit (la banque a récupéré des monts-de-piété la fonction de prêt sur garantie en y ajoutant l'usure), de la part trop grande faite au capital dans les fruits du travail, de la part plus grande encore faite à la spéculation, ce jeu aveugle de la dette flottante, de ce luxe insensé des armées permanentes, de cette absurdité de la paix armée, de tous vos systèmes politiques et économiques prohibitifs, savez-vous ce qu'il en sort? Deux misères, la misère de l'État et celle du peuple.
Ces paroles de Victor HUGO prononcées avant son exile politique en
tant que porte-parole des indigents du fait des actuelles pratiques
sociales, montrent un but en avant de ce que l'on tient pour socialement
normal. C'est qu'au fur et à mesure des étapes par lesquelles passe
l'humanité, les projets politiques se limitent constamment à gérer ce
qui se réalise dans l'époque, et la présente en est encore aux
compétitions sociales visant à courte vue le pouvoir, des produits
financiers et de la reconnaissance sociale. Tout comme le scientifique
ne considère dans son appréhendement conscientiel que les propriétés
environnementales, depuis l'antiquité, les prophètes n'ont dans le leur
que la responsabilité des êtres spécifique aux événements de ceux-ci. En
faire cas ne suffit pas à se faire entendre des collectivités. Les
dynamiques sociales, tout comme leurs institutions, réfèrent à des
logiques visant ce que l'on peut tenir pour profitable en rapport à des
intentions sous-jacentes. Que celles-ci soient déviantes et le résultat
reste perfectible. Autrement dit, il est possible de tenir que si le
monde est perfectible, c'est à surdéterminer les langues de bois
falsifiant au niveau communautaire ce qui s'oppose aux progressions de
la nature humaine. Leur hypocrisie est alors d'investir dans la
corruptibilité résultant des aspects négatifs des dynamiques humaines
leurs inerties en opposition aux aspects positifs du même, et en cela on
peut considérer le perpétuel enchaînement des causes restreintes au
déterminisme environnemental.
Sans doute la sagesse d'agir entraîne la réduction des misères humaines.
Pourtant, à en rester ainsi que l'observateur scientifique au niveau du
causalement manifesté, la corruption sociale peut être processuellement
avancée comme le moyen d'induire une sagesse à bien faire impliquant
notre être, au côté de celle qui se suffit d'apparaître combattre la
corruption chez d'autres. Or c'est en semblable disposition que d'en
rester au principe de causalité propre aux conséquences exocosmiques,
notre interrogation ne peut dépasser le niveau rationnel menant à savoir
de qui la poule ou de l'œuf est le véritable déterminant. Si de se
référer au seul principe de transformation depuis lequel tout peut se
transformer, mais corrélativement rien ne peut se créer, nous ne pouvons
conceptuellement dépasser le constat de ce que de la poule sort l'œuf,
et de l'œuf la poule. Il en est apparemment des propriétés d'objet,
comme des valeurs d'agir des êtres. Pourtant, la vérité ne peut croître
qu'au prorata du courage de chaque personne décidant d'agir idéalement
depuis ce que lui apparaît d'âme et en conscience vrai, beau et bien.
Autrement dit ce qu'elle décide personnellement de vivre à son altérité,
comme écho de l'intérieurement vécu et décidé d'entendement,
c'est-à-dire selon des idéaux, donc à ne plus se comporter en répondant
aux influences extérieures ne visant, au travers des lois et des
traditions collectives, que des idéologies.
Ce qui constitue le degré de civilisation repose sur l'état de maturité
des individus composant des communautés. C'est un fait. Voilà le
contexte accompagnant une recherche du but attendu relevant de façon
déterministe à enchaîner des causes à l'obtention d'effets. Mais tout
comme la science n'est pas indépendante de la technique dans son rapport
exclusivement physicopsychique, ce n'est pas en rapport à ce niveau
d'appréhendement que la sophia peut être aperçue ainsi qu'une technique
psychospirituelle médiatrice réalisant l'intérieurement potentialisé
dans la nature humaine. De s'en tenir au seul déterminisme dans le
principe de transformation, on ne pourra jamais entendre que, tout comme
notre conscience mentale habite un corps à nous permettre de dialoguer
avec notre environnement exocosmique, le mental est lui-même habité dans
son endocosme par l'esprit du divin Ajusteur de pensées dont la fonction
est de progressivement orienter le vecteur de nos activités.
L'intérieurement vécu interfère ainsi avec la véritable source
endocosmique révélant le potentialisé en chacun. Depuis les philosophes
de l'antiquité gréco-romaine, le niveau d'appréhendement entre la
faculté que nous avons de regarder en vue de modifier notre
environnement, et notre capacité à voir ce qui se manifeste, entend le
regardé autrement qu'à significativement se réduire à l'angle du
sensuellement vu. C'est alors une bénédiction d'apercevoir que le regard
que nous portons sur le monde a la faculté de changer ce que nous voyons
réellement du monde, c'est-à-dire faire progresser cela qui ne change
guère à répéter les événements faisant l'actualité du quotidien. Au
niveau introceptif d'une intéroceptivité, nous ne pensons plus en terme
de causalité manifestée. En sorte que tout semble encore à
saisir de ne tenir objectivement la sophia en tant que moyen, au lieu de
la faire vivre en nous pour elle-même.
Grâce aux progrès scientifiques, nous ne concevons plus l'espèce
humaine créée parfaite à l'origine, et sa descendance déchue depuis le
péché originel des premiers parents. Voici donc le point de chute à
introduire en rapport le dialogue traitant de la sophia. La
sagesse intérieurement vécue pour elle-même et non comme monnaie
d'échange, représente l'effet miroir de la gratuité relationnelle de soi
à réaliser le potentialisé au niveau de la source intérieure générant le
finalisable. Autrement dit, en ce qu'elle advient en rapport au
libre-arbitre personnel, la sagesse animant la conduite de soi doit
d'abord majoritairement se réaliser à titre personnel, avant que le
potentialisé dans la nature humaine puisse collectivement se concrétiser
au travers des âges statuant l'humaine réalité.
Cependant que nous avons à concevoir que si le principe de causalité
réfère au seul continuum exocosmique, tout comme l'on conçoit que la
justice ne peut durer en celui-ci qu'à être fonctionnelle en rapport à
de l'injustice, de même la sagesse d'agir à son altérité ne peut durer
toujours. Même encore efficace certainement pour des milliards d'années,
elle ne peut advenir que jusqu'à l'entière gratuité relationnelle
cosmiquement réalisée d'être à son altérité, c'est-à-dire jusqu'à
établir des conditions relationnellement cinématiques remplaçant les
actuelles dynamiques inertielles opposant des forces physiques en des
effets propriatifs, des efforts psychiques en des effets qualificatifs
et des luttes spirituelles en rapport à des effets vertuels.
Pour présupposés à permettre la sagesse humaine, tenons notamment au
minimum ce
que voici:
— […] Ce théâtre du monde où je n'ai paru jusqu'à présent que comme
spectateur… Descartes
— Toute âme qui s'élève, élève le monde. Mahatma Gandhi
— Il y a plus de choses dans le Ciel et sur la Terre que n'en rêva
jamais votre philosophie (Hamlet). Shakespeare
— C'est une sotte présomption d'aller dédaignant et condamnant pour
faux
ce qui ne nous semble pas vraisemblable. Montaigne
— De toutes les formes de vérité qui se révèlent à nous, celle qui
est véritablement nôtre et qui nous découvre tel que nous sommes est si
unique et si personnelle que nous osons à peine la dire et que nous ne
réussissons jamais à la communiquer tout à fait. Louis
Lavelle
La sagesse d'agir
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Comme objet de la sophia, le questionnement philosophique
s'instaurant entre QUI et POURQUOI pour participer de ce qui anime les
êtres, est indispensablement conjoint de celui des savoirs portant sur
des interrogations allant de QUOI à COMMENT à propos des choses. En
effet, la qualification qui dépend des savoirs à propos des choses, ne
contient pas en soi le vecteur animant les êtres d'âme et de conscience.
C'est au travers de l'activité philosophique, qu'il nous appartient de
réfléchir aux conséquences de nos actions. On a pu vivre dans
l'antiquité sans technosciences. C'est de même que nous pouvons encore
vivre aujourd'hui sans sophia, alors que la sagesse deviendra bientôt
indispensable face à la complexification des relations sociales venant
d'embrasser toujours plus d'horizon.
Demain nous tiendrons certainement que les différences individuelles qui
se sont formées au travers des cultures depuis la diversité des écoles
de vie sont une inestimable richesse pour l'avenir de l'humanité. Et en
cette circonstance, au contraire de ne faire que tolérer ces différences
lorsqu'on est en quête partisane d'une pensée unique, notre
compréhension venant de nous ouvrir aux différences d'autrui sera à
significativement diminuer nos propres lacunes.
L'évolution des mentalités progressant, il devient raisonnable de
prédire qu'à ne plus consacrer le meilleur de sa vie à l'emprise de ce
que l'on peut avoir, un nombre non négligeable de personnes découvriront
aussi ce qui les fait être: la qualité de pensée venant d'une vie
intérieure conjointe des complexifications culturelles accompagnant la
progression des relations humaines. Autrement dit, surajoutant à la
maîtrise scientifique d'un environnement matériel en vue de son
appropriation, des préoccupations qui ne négligeront plus
corrélativement l'accomplissement de l'être humain lui-même.
SOPHIA 332 pages,
2,21 Mo, ISBN 2-9504817-6-0 La jaquette du livre pour la version imprimée Voyage philosophique allant de l'Athènes non territoriale à la Jérusalem sans murs. Par la sophia, trouver le lien conciliant la richesse des différences culturelles à dépasser les exclusions communautaires. |
Depuis son temps de gestation fait de toutes les expressions plus ou
moins anarchiques de forces, d'efforts et de luttes, l'humanité chemine
à devenir adulte sans prendre encore conscience que l'Univers n'est pas
à tourner autour d'elle. L'aventure humaine au futur sera de participer
du monde de plus en plus comme jardinier, ou de moins en moins comme
légume à seulement s'approprier les ressources de la nature.
Un bénéfice personnel advient du dialogue à notre altérité propre, en ce
qu'il se réalise ni à enseigner, ni à prêcher, ni à prescrire. Il suffit
pour entendre cette disposition de concéder que le libre-arbitre chez
autrui est égal au nôtre. Par là on peut librement choisir entre
s'éduquer et s'instruire. Pour ce qui est de s'instruire, il suffit de
mémoriser. Pour ce qui est de s'éduquer, on est pour le comprendre à
saisir l'exemple que produit Montaigne: Les abeilles fréquentent deçà
delà les fleurs, mais en font leur miel qui est entièrement leur; ce
n'est plus du thym ni de la marjolaine: de même de ce que l'on butine
chez autrui.